Proposition pour un protocole expérimental pour mesurer l’efficacité de la Scola Corsa sur la réussite scolaire des enfants.
Et si l'enseignement en immersion de la langue corse était bénéfique sur la réussite scolaire des enfants?
Fait étrange du Riacquistu[1], l’apprentissage de la langue corse à l’école a toujours été envisagé à travers l’école publique classique. Bien que les initiatives associatives et privées existent, celles-ci restent marginales, ou s’adressent principalement à un public d’adultes. L’ouverture de deux classes de maternelle immersives en langue corse d’initiative privée en septembre 2021 marque une petite révolution dans le modèle-type de l’enseignement de la langue corse. Scola corsa, l’association à l’origine de ce projet, propose de révolutionner l’enseignement du corse, à travers une méthode qui pourrait se révéler plus efficace que le cursus monolingue classique avec l’apprentissage du corse en option et les enseignements bilingues classiques tels qu’ils existent aujourd’hui en Corse. Ce cursus en immersion se présente à la fois plus efficace dans la transmission la langue corse, mais aussi le développement des capacités cognitives.
Pourquoi parler de langue corse dans Kyrn’Economics ? Déjà parce que la science économique s’intéresse à la question de l’éducation, de la relation entre le niveau et la qualité de l’éducation et le salaire, à la question de l’efficacité du système éducatif mais aussi parce qu’un protocole éducatif qui se révélerait particulièrement efficace mériterait d’être soutenu par de l’argent public. La mairie de Biguglia fait déjà bénéficier Scola corsa d’un soutien financier mais aussi logistique, en fournissant des locaux par exemple.
L’introduction d’une nouvelle pédagogie en Corse, soutenue par les pouvoirs publics en Corse est une occasion de pratiquer une évaluation de politique publique. Une évaluation qui ferait ressortir les avantages d’un apprentissage en immersion sur les résultats scolaires et le développement cognitif serait un argument pour augmenter les fonds alloués à ce genre d’école afin de multiplier leur nombre sur le territoire, améliorer leurs infrastructures et pérenniser leurs activités. En cas d’effet positif prouvé des écoles en immersion, il serait plus facile d’inciter des parents à inscrire leurs enfants dans de telles écoles, ce qui pourrait contribuer très fortement au maintien et à la diffusion de la langue corse en société, tout en améliorant les performances scolaires des enfants. En somme, d’allier l’utile à l’agréable. Il serait tout à fait possible de mesurer à court, moyen et très long terme, les effets de cette nouvelle pédagogie sur les résultats scolaires, sociaux et économiques des enfants qui vont passer par les scole corse. Ce processus de suivi de long terme serait similaire aux études menées sur les enfants défavorisés américains, à qui on a fait suivre des cours de soutien supplémentaires (Abecedarian program) et qui ont eu des effets positifs sur le long terme sur leur consommation de drogues, les violences conjugales, leur rapport à la police et surtout leur salaire à la fin de leurs études (Campbell, 2002).
Le but de cette note est de faire prendre conscience de l’intérêt d’une étude qui croise l’économie de l’éducation et les sciences de l’éducation de manière plus large afin de mesurer l’efficacité et les apports de ces écoles en immersion, ce qui pourrait donner de la force à leur développement à plus grande échelle.
Monolinguisme, bilinguisme ou enseignement en immersion et résultats scolaires, que dit la littérature ?
Tout d’abord, il convient de balayer la littérature qui analyse le lien entre monolinguisme, bilinguisme et développement cognitif. Ensuite, un balayage de la littérature qui étudie les liens entre bilinguisme à l’école et meilleurs résultats scolaires est important pour établir un parallèle avec les scole corse.
Adesope et al (2010) montrent à travers leur méta-analyse, c’est-à-dire le fait d’analyser conjointement les résultats de plusieurs travaux de recherche pour en faire ressortir la substantifique moelle des étdues[1], que l’enseignement bilingue permet aux enfants d’obtenir de meilleurs résultats en lecture, en compréhension et en expression orales que les enfants qui suivent un enseignement strictement monolingue. Aucun effet n’est à noter sur les résultats dans le niveau de mathématiques, les élèves monolingues et bilingues performent pareil.
Concernant les capacités cognitives, c’est-à-dire les capacités du cerveau qui permettent de percevoir, se concentrer, acquérir des connaissances, raisonner, s'adapter et interagir avec les autres, Bialystok et al (2004) ont fait une série des tests psychotechniques (tests de couleurs, d’intuition et de reconnaissance de formes en utilisant des cartes) sur des enfants bilingues et monolingues et prouvent que pour plusieurs éléments cognitifs testés, comme la stimulation et la perception, les enfants bilingues obtiennent de meilleurs résultats que les enfants monolingues. Les enfants bilingues arrivent à résoudre beaucoup plus de problèmes que les enfants monolingues.
Comment expliquer les meilleures performances des enfants bilingues par rapport aux enfants monolingues à ces tests ? Bialystok (2017) avance que compte tenu de la place centrale de l'utilisation du langage dans l'expérience humaine et les liens profonds dans le cerveau entre ce qui relève du langage et ce qui n’en relève pas, il ne serait pas surprenant de constater des interactions entre le bilinguisme et les processus cognitifs et cérébraux. En somme, le bilinguisme muscle le cerveau, contrairement à la croyance qu’il faudrait déjà parler une langue parfaitement avant de commencer à en apprendre une autre ; croyance qui a longtemps été avancée pour récuser l’enseignement bilingue, et qui semble être écartée par la recherche scientifique.
Pour quels effets sur les résultats académiques et la réussite sociale ? Oller (2002) mentionne de multiples études effectuées par des chercheurs canadiens et/ou commandées par le gouvernement canadien au cours des années 70-80-90. Elles indiquent que les enfants ayant suivi un cursus immersif/bilingue français-anglais obtiennent en général de meilleurs résultats scolaires par rapport aux élèves monolingues. Toutefois, une limite sérieuse de ces études est le manque de contrôle pour les caractéristiques sociodémographiques (catégorie socio-professionnelle), ce qui peut fortement biaiser le résultat final de l’étude. Il serait alors possible de penser qu’il n’y a pas d’effet particulier de l’enseignement bilingue sur les résultats académiques. D’autres travaux effectués en Californie dans les années 70-80 montrent aussi que l’enseignement bilingue précoce anglais/espagnol permet d’obtenir des résultats supérieurs par rapport à des enfants monolingues (Cummins, 1981). Le programme ayant été le plus efficace en Californie a été celui qui mélangeait l’anglais et l’espagnol à 50% chacun (Lageretta, 1979). Au Canada, dans l’État du Manitoba, où l’anglais est prédominant, un cursus où l’enseignement en français se fait à 80% (pour 20% d’anglais) a montré qu’il est possible d’améliorer grandement les compétences en français des enfants sans aucun effet négatif sur la maîtrise de l’anglais à l’écrit comme à l’oral (Cummins, 1981). Les enfants scolarisés dans les cursus en bilingue sont plus à même de percevoir les différences entre les langues, et donc de faire plus attention lors de la prise de parole et de la rédaction, ce qui permet d’obtenir de meilleurs résultats (Cummins, 1981).
Dans son livre, Dual language education, Lindholm-Leary (2011) mobilise des études effectuées sur plusieurs années sur des enfants américains blancs et hispaniques scolarisés en école bilingue espagnol/anglais pour montrer que différents types d’enseignements bilingues (90/10, 50/50) ont permis d'améliorer les compétences linguistiques dans les deux langues sans que cela n’ait d’effet négatif sur le développement de l’autre langue. Les résultats scolaires sont significativement supérieurs à ceux des enfants scolarisés en monolingue. Un enseignement bilingue précoce est donc bénéfique à l’enfant, et ce, même en contrôlant pour les variables socio-démographiques (classe sociale d’origine, sexe de l’enfant, etc.), ce qui permet de répondre aux limites des études citées par Oller (2002). Comme on l’a mentionné précédemment, l’enseignement bilingue ne permet pas d’avoir de meilleurs résultats en mathématiques que l’enseignement monolingue. Toutefois, l’étude de Lindholm-Leary (2011) montre que les enfants scolarisés en bilingues n’ont aucun retard en mathématiques et sont capables de résoudre aussi bien que les enfants monolingues des problèmes de mathématiques posés en anglais ,quand bien même les cours de mathématiques qu’ils ont reçus n’ont été dispensés qu’en espagnol.
Si les bienfaits de l’enseignement bilingue semblent faire consensus en Amérique du Nord, qu’en est-il en Europe ? Tritschler (2010) a procédé à l’évaluation des compétences orales d’enfants français du CP et de CM2 en comparant les résultats des enfants en monolingue français, en immersion partielle précoce français-breton et en immersion totale en breton. Le principal enseignement de cette étude est que les enfants qui sont en immersion partielle précoce (il faut souligner l’importance du mot précoce dans cette phrase) ont obtenu de meilleurs résultats en compétences orales que les enfants monolingues et les enfants en immersion totale. Tritschler (2010) conclut de la supériorité de l’enseignement en immersion partielle sur l’immersion totale en ce qui relève des compétences orales, tout en soulignant l’importance de la précocité de l’enseignement en immersion, qui permet de mieux développer le langage de l’enfant, que ce soit en français comme en breton.
Qu’en est-il du côté des méta-analyses pour les cursus bilingues européens ? Reljić et al (2015) ont rassemblé 101 études, puis en ont sélectionné 7 (les 7 études sélectionnées l’ont été pour qu’elles soient comparables entre elles). Il s’agit de l’une des rares méta-analyses qui s’intéresse à la question des effets de l’enseignement bilingue et en immersion sur les résultats scolaires des enfants en Europe. La méta-analyse trouve que les cursus bilingues ont un léger effet positif sur les compétences en lecture, par rapport à l’enseignement monolingue. Là encore, aucun effet significatif sur les résultats en mathématiques n’a été observé, ce qui s’inscrit dans la ligne des papiers de recherche présentés jusqu’alors. Reljić et al (2015) insistent que compte tenu du faible nombre d’études qui a pu être rassemblé pour leur méta-analyse, il y a un besoin crucial pour que les chercheurs en pédiatrie, sociologie et en économie de l’éducation conduisent de nouvelles études sur la question du bilinguisme pour nourrir la littérature de recherche.
En somme, les études qu’on a mentionnées montrent que l’enseignement en bilingue permet d’obtenir de meilleurs résultats aux tests, notamment en ce qui concerne l’expression orale, écrite et la compréhension orale. Les études citées ont pour le moment montré que l’enseignement bilingue précoce à 50/50 entre les deux langues serait plus efficace que l’enseignement en immersion totale. Que ce soit immersion ou bilinguisme, le développement des capacités cognitives s’inscrit sur le long terme dans les résultats scolaires de l’enfant. Comment serait-il possible de reproduire une étude similaire sur la Corse en comparant les enfants scolarisés en monolingue option corse, les enfants en bilingue et les enfants en immersion ?
Un protocole pour mesurer l’efficacité des Scole corse sur les capacités cognitives et la réussite scolaire des enfants
La première partie de cette note a montré que peu de recherches de ce type ont été conduites en Europe, où pourtant sont présentes beaucoup plus de langues régionales et minoritaires qu’en Amérique du Nord. L’intérêt d’un tel protocole en Corse est donc double : à la fois il permet de nourrir la littérature en économie de l’éducation et il permet de tester l’efficacité des scole corse. Une recherche dans ce sens pourrait attirer beaucoup plus de chercheurs sur la question de la langue corse à l’avenir et donc mettre en lumière ces écoles.
Comment pourrait se traduire très concrètement un protocole de recherche en économie de l’éducation pour les scole corse ? Tout d’abord, il s’agit de rappeler qu’il est fondamental d’isoler l’effet propre des scole corse sur les performances scolaires, économiques et sociales des enfants. Il convient donc de définir une méthode scientifique pour faire ressortir l’effet propre de l’immersion et de ne pas le confondre dans d’autres facteurs. La science économique a développé ces dernières décennies beaucoup d’outil pour mesurer efficacement l’effet d’un programme, souvent inspiré des protocoles utilisés en médecine. Toutes ces méthodes reposent sur la comparaison avec un « groupe témoin » qui puisse être le plus proche possible des enfants dans les scole corse sur le plan sociodémographique afin d’éliminer tout biais de sélection. En effet, une simple différence de résultats scolaires entre des enfants en immersion et des enfants en monolingue ne permettrait pas de conclure sur l’efficacité des écoles en immersion en langue corse. Tout un ensemble de facteurs externes, comme la motivation des parents à soutenir l’éducation des enfants, la classe sociale d’origine etc., pourraient expliquer les meilleurs résultats d’un groupe d’enfants par rapport à un autre sans ce que l’on puisse dire qu’il s’agit véritablement de la pédagogie en immersion.
Deux méthodes semblent apparaître pour mener une telle étude : la méthode par appariement et la méthode du difference-in-difference (double différence en français). Sans entrer dans des considérations trop techniques, expliquons ce que sont ces deux méthodes, qui sont généralement utilisées lorsqu’il n’a pas été possible de tirer au sort le groupe témoin et le groupe de contrôle d’un programme. Dans le cas des scole corse, les enfants envoyés en écoles en immersion n’ont pas été tirés au sort, c’est le choix des parents, qui repose sur un nombre incalculable de facteurs, qui est à l’origine de la décision. Il faut donc trouver un moyen de comparer les enfants qui sont en immersion, compte tenu de toutes les caractéristiques sociodémographiques qui ont déterminé leur appartenance à une école en immersion avec des enfants qui auraient pu se retrouver en immersion car ils sont au maximum similaires aux enfants qui sont effectivement en immersion.
La double-différence est une méthode d’évaluation non expérimentale destinée à être employée lorsque l’évaluateur soupçonne qu’il existe une différence incompressible entre des participants et non participants au programme évalué (dans ce cas-ci, la participation à un enseignement en immersion en langue corse), et lorsqu’il dispose de plus d’une observation sur chaque individu (plusieurs années ou trimestres par exemple). Il faut donc disposer d'observations répétées sur les enfants en immersion et les enfants en monolingue ou bien en bilingue classique, deux au minimum, mais il peut y en avoir plus. La comparaison de l’évolution de la variable d’intérêt entre les élèves en monolingue et en immersion, sous l’hypothèse que les différences observées entre les deux groupes avant l’entrée en immersion seraient restées identiques en l’absence de toute différence dans le choix de la pédagogie suivie par les enfants (monolingue ou immersion). Cette hypothèse est connue sous le nom d’hypothèse des trends de parallèles. L’estimateur de la double différence (qui mesure l’effet du parcours en immersion sur les résultats scolaires) est obtenu en calculant la différence moyenne de résultats scolaires entre les dates 0 (première année de cours par exemple) et 1 (seconde année par exemple) pour les enfants en immersion, de laquelle on retire la différence moyenne des résultats scolaires entre les deux dates pour les enfants en monolingue.
Figure 1 Illustration de la méthode de la double différence
La méthode par appariement (aussi appelée score de propension) a pour objectif de s'approcher des résultats du tirage au sort en recherchant dans l'échantillon des enfants en monolingue qui sont le plus proches des enfants en immersion afin de constituer une base de comparaison. Dans le cas où on dispose d'observations sur un groupe de personnes en immersion et un groupe de personnes en monolingue, des collectes de données sont réalisées avant pendant et après l'application du traitement. Chaque observation consiste en un ensemble de caractéristiques de la personne : son âge, son sexe, la profession et le patrimoine de ses parents, etc. Supposons une jeune fille en immersion : elle a 3 ans, ses parents sont indépendants et ont un patrimoine de 300 000 euros et une fille en monolingue qui a 3,5 ans, et dont les parents sont aussi indépendants avec un patrimoine de 240 000 euros. Ces deux observations sont assez proches pour pouvoir être mises ensembles et être comparé. La jeune fille en monolingue partage assez de caractéristiques observables avec la jeune fille en immersion pour avoir eu une grande probabilité d’avoir pu participer aux écoles en immersion, quand bien même in fine, elle n’y a pas participé. C'est sur la base de ce principe de l'association des enfants en monolingue et en immersion, en fonction de leurs caractéristiques observables, que repose la méthode du score de propension. Pour comparer un à un les élèves en immersion avec les élèves en monolingue, il n’est pas obligatoire à ce que le score de propension soit identique, la comparaison avec le score le plus proche suffit, à condition que ce score ne soit pas trop dispersé entre les deux observations.
Figure 2 Illustration de la méthode du score de propension
Une fois l’appariement d’individu sur la base d’un score calculé à partir de leurs caractéristiques observables il faut calculer l’effet des écoles en immersion sur les résultats scolaires. On calcule les différences individu, par individu, et on fait la moyenne, tout simplement. Il faut noter que cette technique comporte des limites et est reconnue comme fiable que la méthode de la double différence, mais elle permet toutefois d’obtenir un premier résultat en employant moins de moyens que pour la méthode de la double différence.
Concrètement, comment se matérialiserait cette hypothétique étude ? Tout d’abord, il faut collecter des données sur les enfants et les familles des enfants qui sont en immersion (données sociodémographiques sur l’enfant, les résultats scolaires par trimestre ou par an des enfants, le suivi de leur progression en langue corse, des enquêtes qualitatives sur la motivation des parents pour comprendre pourquoi ils ont placé leur enfant dans ce type d’école). Dans un second temps, et c’est primordial, il faut identifier une classe avec des enfants qui sont scolarisés en monolingue, qui pourrait servir de base de comparaison à la fois dans le cas où on utiliserait la méthode double différence ou de score de propension. Il faut faire en sorte de bien choisir la classe en question (la tirer au sort parmi un pool d’écoles par exemple) afin de réduire au maximum le biais de sélection.
Enfin, et c’est là où c’est le plus dur, il s’agit de réussir à obtenir sur le moyen et le long terme des informations en continu sur les enfants des deux groupes (immersion et monolingue), afin d’enrichir l’étude sur plusieurs années. Il faut donc maintenir le niveau d’attrition du groupe immersion et du groupe monolingue le plus bas possible et inciter les parents et les enfants à participer aux études trimestrielles ou annuelles qui pourraient être établies. C’est très important car cela permet de faire apparaître une éventuelle non-linéarité des effets des écoles en immersion. Par exemple, il est possible qu’au bout des 5 premières années, les différences entre les élèves monolingues et les élèves en immersion ne soient pas significatives, mais qu’au bout de 6, 7 ou 10 ans, on commence à observer un écart positif en faveur de l’enseignement en immersion. L’inverse peut aussi être vrai : on pourrait observer un écart positif en faveur des enfants en immersion au tout début des cours puis un resserrement de l’écart à des niveaux plus élevés dans les études. D’autres scenarii sont encore possibles. La portée de l’étude aurait aussi un grand impact sur les possibilités de tester les effets des écoles en immersion sur les résultats des enfants. Plus le questionnaire sera large (avec un risque d’attrition plus élevé), plus il est possible de tester sur l’accession à l’emploi, sur le niveau final d’études atteint, sur les éventuels redoublements, etc.
En somme, l’ouverture des scole corse, qui proposent un enseignement en immersion dès la maternelle et qui a vocation d’ici à 15 ans d’aboutir sur l’ouverture d’un collège puis d’un lycée offre une occasion inédite aux chercheurs en économie spécialisés dans les questions éducatives et les autres chercheurs en pédagogie dans les autres disciplines (pédiatrie, psychologie, etc.) de mener une/des études qui pourraient évaluer l’efficacité de la pédagogie en immersion sur les résultats scolaires des enfants, comparativement à ceux qui suivent des cours en monolingue. Cette étude pourrait se concentrer sur les compétences à plus long terme, sur la réussite scolaire des enfants, notamment sur le salaire, la catégorie socio-professionnelle atteinte, etc.
Références :
Adesope, Olusola O., Tracy Lavin, Terri Thompson, and Charles Ungerleider. "A systematic review and meta-analysis of the cognitive correlates of bilingualism." Review of Educational Research 80, no. 2 (2010): 207-245.
Bialystok, Ellen, and Michelle M. Martin. "Attention and inhibition in bilingual children: Evidence from the dimensional change card sort task." Developmental science 7, no. 3 (2004): 325-339.
Bialystok, Ellen. "The bilingual adaptation: How minds accommodate experience." Psychological bulletin 143, no. 3 (2017): 233.
Campbell, Frances A., Craig T. Ramey, Elizabeth Pungello, Joseph Sparling, and Shari Miller- Johnson. "Early childhood education: Young adult outcomes from the Abecedarian Project." Applied developmental science 6, no. 1 (2002): 42-57.
Cummins, Jim. "Empirical and theoretical underpinnings of bilingual education." Journal of education 163, no. 1 (1981): 16-29.
Lageretta, D. The effects of programs models on language acquisition by Spanish speaking children. TESOL Quarterly, 1979, 13, 521-534.
Lindholm-Leary, Kathryn J. "Dual language education." In Dual language education. Multilingual Matters, 2001.
Oller, D. Kimbrough, and Rebecca E. Eilers, eds. Language and literacy in bilingual children. Vol. 2. Multilingual Matters, 2002.
Reljić, Gabrijela, Dieter Ferring, and Romain Martin. "A meta-analysis on the effectiveness of bilingual programs in Europe." Review of Educational Research 85, no. 1 (2015): 92-128.
Tritschler, Nolwenn. "L'apprentissage précoce d'une seconde langue. Impact sur le langage oral de l'enfant dans sa langue maternelle." PhD diss., UHP-Université Henri Poincaré, 2010.
[1] Le Riacquistu désigne le processus de réappropriation de la langue et de la culture corse par les corses à partir des années 60-70, au moment où le déclin de la langue devient palpable au point de mobiliser de très nombreux acteurs de la société civile corse, premièrement sur la partie nationaliste du spectre politique insulaire. Aujourd’hui la défense de la langue corse et sa promotion font consensus des unionistes aux nationalistes.
[2] Les méta-analyses sont considérées en recherche comme le summum des contributions scientifiques. Elles sont celles qui mènent aux résultats les moins discutables, bien qu’évident en science tout puisse être remis en cause.